De retour à Terre

Après quelques mois passés en mer, me voilà enfin arrivée à PortFranc. En 6 ans, rien a changé. Tout est comme je l'ai connu avant mon départ.

Je croise quelques personnes que j'ai côtoyé autrefois, mais ils ne me reconnaissent pas. Orf, peu importe. Cela n'est pas bien grave !

Il me faut me rendre à BelleGrange, afin de voir où en est la prévôté et de la récupérer.

Cela ne m'enchante pas, et si je le pouvais, je reléguerai cette tâche à quelqu'un d'autre. Quelqu'un de moins … Libre …
Mais je ne le peux pas.

Errant dans les venelles de PortFranc, je me demande bien ce que je vais pouvoir faire d'une région complète … Je n'ai pas l'âme d'une meneuse ! Enfin, je crois …

Je fût tirée de mes pensées par un villageois, m'interpellant.

« Mam'zelle, z'auriez pas vu la fille Bomgie ? La fille du prévôt, qui devait s'arriver aujourd'hui ? » me demanda t-il, essoufflé.

Je lui demandait alors ce qu'ils se passait, et pourquoi il était si pressée de voir Miss Bomgie. Il m'expliqua alors qu'une missive est arrivée ce matin même, en provenance de Surlock. La lettre disait qu'un démon aurait liquidé un poignée de garde, usant de magie noire.
Il m'expliqua que cela ressemblait fort à la façon de faire de Cyphéros, Seigneur de Rouge-Rivière. Il me dit que ce Cyphéros n'avait pas donné signe de vie depuis quelques temps, et que les habitants de MorteMuraille craignaient une nouvelle attaque de Rouge-Rivière.

Ma foi, tout cela commence bien ! A peine ai-je posé un pied à terre qu'une guerre se dessine …

- Dis-moi brave homme, que sera t-il demandé à Miss Bomgie ?  demandais-je, avide de connaître le sort qui me serait réservé.

Le vieux Hobbit me regarda, bouche bée.

« Mais enfin, Mam'zelle … Aller voir ce qu'il se passe ! » me répondit-il.

Aller voir ce qu'il se passe ?! Face à un fou furieux qui maîtrise la magie noire ? Nan mais 'sont fous ces hobbits !!

Cela dit, si Rouge-Rivière tente en effet une nouvelle attaque … Nous serons dans de beaux draps, la muraille étant quasiment détruite …

Je ne sais pas quoi faire … Je ne sais même plus comment rejoindre BelleGrange …

• Mon ami, où dois-je me rendre ?
  

L'homme me regarda, interrogateur.

• Je suis Opale Bomgie, fille de Célosie Bomgie et de Terridoc Bomgie, prévôt et protecteur de Morte-Muraille. Dois-je me rendre à BellGrange ? A FierLieu ? Ou bien dans la région de Surlock ? Quels sont mes délais ? Ai-je une main, ou un bras droit ? Ditez-moi, mon brave, car de tout cela, je ne sais rien.
  

L'homme se mis à courir en hurlant « une diligence, une diligence pour Miss Bomgie ! »

Petit à petit les habitants de ralliaient autout de moi. En effet, je n'avais point l'air d'une fille de prévôt, de par mes dreadlocks et mes vêtements de marin.

Je vis alors une calèche menée par deux chevaux et un vieux cocher venir vers moi. « Montez vite, Mademoiselle Opale, Terridoc vous a laissé des instructions à BelleGrange ».

La voix du cocher m'était familière … Et il a appelé mon père par son prénom …

• Je vais monter à côté de vous, cocher.
  

Je pris alors place à l'avant de la calèche. Le cocher me tendit une paire de rênes : « Quand'vous étiez môme, z'aimiez bien conduire la calèche. J'ai le doute que cela n'ai changé, n'est-ce pas ? »

Voilà alors que le visage viellit du cocher rejoint son jeune visage dans ma mémoire. En effet, petite, j'aimais monter à ses côté pour conduire la calèche. A l'époque, il avait accroché de fausses rênes pour que j'ai l'impression de conduire sans pour autant risquer de nous faire aller au fossé. « Cette fois ci, ces lanières sont reliées à la bouche de ces deux chevaux ! J'imagine qu'on apprends pas à conduire les chevaux, sur un bateau, mais ce n'est pas sorcier. »

Cet homme là était jadis la main de mon père, ainsi que son meilleur ami. Il était aussi chargé de s'occuper de moi. Avec lui, jamais de leçons, pas de bonne manières rapelées chaque heure mais de longues promenade dans les bois, de longs voyages en calèche, et de longues discussions sur les anciens temps de chaque village. Je ne sais quel âge il a, mais parfois, l'on croirait qu'il vit depuis la nuit des temps. De ces six ans d'absence, ma mémoire a effacé de nombreuses choses, de nombreux noms et de nombreux visages. Mais ce cocher, jamais je n'oublierai son nom. Barroc Teliar. Il n'est pas natif de MorteMuraille. Il parle sans cesse des traditions de chez lui, des différences qu'il y a avec notre région, et des spécialités culinaires qui lui manquent tant. J'ai toujours admiré cet homme d'une sagesse incroyable. Un de ces vieillards qui ont toujours les mots justes, et les formulations qui dédramatisent.

Tous ces souvenirs de jeunesse remémorés, je me décide enfin à parler.

• Ces chevaux ont des noms ?
  

« Bien sûr qu'ils ont des noms ! »

• Uhm … Vous pouvez me les dire ?
  

« Bien sûr que je le peux ! » dit-il en riant.

• Vous ne le voulez pas ?
  

«  Bien sûr que si, je veux te les dire. »

• Alors pourquoi ne le faites vous pas ?
  

« Tu seras bientôt à la tête de la prévôté, il est attendu de toi que tu donnes des ordres. »

Uhm … Il a raison … Mais ce n'est pas mon truc, à moi, de donner des ordres … La hiérarchie en mer est très respectée, et je n'étais qu'une simple mousse. Les ordres, je les exécutais, sans les discuter. Mais je n'en donnais pas … Si ce n'est aux rares prisonniers que l'on gardait parfois …

• Aehm … Donnez-moi les noms de ces chevaux ?
  

Le vieux Barroc éclata de rire.

« Mais ma petite, qui te prendrais au sérieux ? Hahaha !! »

Après quelques secondes de fou rire, il se décida enfin à me présenter ses chevaux.

« Celle de gauche, c'est Hébelle. Quant au cheval de droite, dont la robe est plus claire, il se fait appeler Lavhi. »

Je mis quelques secondes à comprendre …

• Lavhi, Hébelle … C'est bien trouvé !
  

« Et oui, la vie est belle … Et eux le savent bien ! ... »


- à suivre ...